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28/04/2024

La prévoyance professionnelle des femmes, mode d’emploi

Pour cause de travail à temps partiel ou de cessation temporaire de l’activité professionnelle, les femmes sont souvent moins bien couvertes lors de l’arrivée à la retraite. Il existe des moyens d’y remédier.

Le système helvétique de prévoyance professionnelle, basé sur trois piliers, est à la fois complexe et flexible. Si le 1er pilier (AVS) est un système uniforme, le 2e pilier (LPP) varie dans sa mise en œuvre, la loi ne prévoyant que des normes obligatoires minimales. La plupart des caisses de pension proposent des plans de prévoyance dont les modalités sont souvent plus avantageuses que le minimum LPP. Dans le cadre du 1er et 2e pilier, le revenu de l’activité lucrative détermine le montant des cotisations, au contraire du 3e pilier a (prévoyance individuelle) dont la cotisation est libre. Lors de périodes de réduction ou de cessation de l’activité professionnelle entraînant une réduction du revenu, une attention particulière est ainsi nécessaire afin d’anticiper les manques de cotisations, induisant une diminution des prestations de vieillesse futures.

Par manque de planification, il résulte souvent un manque de ressources financières au moment de la retraite. Cette situation est manifeste chez les femmes dont la carrière professionnelle est généralement moins linéaire que celle des hommes et dont le revenu cotisant à la prévoyance est moindre. Le revenu médian des femmes était en effet inférieur à celui des hommes de près de 15% en 2023 selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). De plus, les femmes exerçant des emplois à bas revenus sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Les femmes sont aussi plus régulièrement confrontées à des situations qui influent sur leur prévoyance professionnelle, en particulier le travail exercé à temps partiel. Selon l’OFS, 58,1% des femmes travaillaient à temps partiel en 2023, principalement pour des raisons familiales. Pour les mêmes raisons, les femmes interrompent parfois leur activité lucrative. Compte tenu de ces particularités, il est nécessaire, en tant que femme, de s’intéresser à la constitution d’une bonne prévoyance professionnelle dès le début de son activité professionnelle. Il ne faut en outre pas négliger que l’espérance de vie des femmes entraîne un besoin accru de ressources financières par rapport aux hommes.

Rachat au 2e pilier et constitution d’un 3e pilier

Dans ce contexte, le 1er pilier est le plus équitable pour les femmes, des bonifications pour tâches éducatives étant comptabilisées comme des cotisations virtuelles au compte individuel AVS, permettant ainsi de limiter la réduction de la rente future induite par la diminution du temps de travail pour s’occuper des enfants. A contrario, les femmes travaillant à temps partiel ou exerçant un emploi à bas revenu peuvent être fortement pénalisées dans le cadre du 2e pilier. En effet, la LPP prévoit une déduction de coordination, soit une partie du salaire non assuré, réduisant les avoirs de prévoyances des personnes à bas revenus ou à emplois multiples. Certains plans de prévoyance excluent toutefois la déduction de coordination, permettant une cotisation de l’employé et de l’employeur sur l’entier du revenu. Il est ainsi opportun d’étudier le règlement de prévoyance de la caisse de pension de son (futur) employeur pour en connaître les modalités en la matière.

Il existe néanmoins des possibilités d’amélioration de sa LPP après une période de travail à temps partiel. En effet, l’augmentation du temps de travail, partant du revenu assuré, crée une lacune de prévoyance qu’il est avantageux de racheter. Les rachats étant déductibles du revenu imposable, ils permettent d’augmenter l’avoir de prévoyance, partant le capital ou la rente future, tout en réduisant sa charge fiscale courante.

Toute personne exerçant une activité lucrative cotisante à l’AVS peut cotiser au 3e pilier A qui s’avère un être un outil de prévoyance très intéressant sur la durée. En effet, un capital significatif peut être constitué avec le temps, tout en réduisant sa charge fiscale courante, les cotisations étant déductibles du revenu. Le Conseil fédéral souhaite intégrer la possibilité de racheter d’éventuelles lacunes de cotisation au 3e pilier A dans la législation, permettant de cotiser plus en cas d’accroissement du revenu. Selon le projet actuel, cette possibilité ne serait toutefois pas octroyée lors des années durant lesquelles aucune activité lucrative n’a été exercée, ce qui aurait pourtant pu avantager les femmes dans la constitution de leur prévoyance retraite sur le long terme. Une bonne connaissance et une planification de sa prévoyance restent dans tous les cas et sans nul doute la manière la plus efficace de garantir le financement de sa retraite.

Mélanie Erb-Zimet

Intéressé ? N’hésitez pas à contacter Mélanie Erb-Zimet, experte fiscale diplômée

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